LA CULTURE DU ROTARY

Blog de Serge GOUTEYRON

LA CULTURE DU ROTARY - Blog de Serge GOUTEYRON

Un monde sans poliomyélite : l’objectif est à portée de mains

Par Bruce Aylward
Sous-Directeur général de l’OMS – Poliomyélite, situations d’urgence et collaboration avec les pays

Au cours des 25 dernières années, partout dans le monde, les membres du Rotary ont œuvré sans relâche pour débarrasser le monde d’un fléau immémorial. Leurs efforts sont sur le point de porter leurs fruits, explique Bruce Aylward, qui dirige les activités d’éradication de la poliomyélite de l’Organisation mondiale de la Santé. Mais il lance dans le même temps un appel pressant.

Tout a commencé en 1979 par un rêve que deux personnes seulement, l’une comme l’autre membres du Rotary, pensaient un jour voir devenir réalité. Pour Sir Clem Renouf, alors Président du Rotary International, comme pour le Dr John Sever, gouverneur de district et chef des activités de lutte contre les maladies infectieuses des Instituts nationaux de la Santé des États-Unis, un monde sans poliomyélite était possible.

Rapidement, ce rêve n’a plus été seulement partagé par le Rotary International et la communauté internationale a été poussée à agir. C’est ainsi qu’est née en 1988 l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP), un partenariat public-privé entre le Rotary International, l’OMS, les Centres for Disease Control and Prevention des États-Unis et l’UNICEF. À cette époque, la maladie était endémique dans plus de 125 pays. Et chaque année, plus de 350 000 enfants étaient paralysés à vie.

Vingt-cinq ans plus tard, ce rêve a mobilisé davantage de personnes que toute autre cause en temps de paix, et la guerre contre la poliomyélite est à 99 % gagnée. Plus de 10 millions de personnes marchent aujourd’hui alors que la maladie aurait dû les paralyser. Plus de 1,5 million de décès d’enfants ont été évités. Depuis les premières statistiques, enfin, l’incidence de la poliomyélite n’a jamais été aussi faible que cette année : on ne compte plus que trois pays d’endémie – le Nigéria, le Pakistan et l’Afghanistan – et moins de 220 cas ont été notifiés.

Il s’agit là de progrès remarquables. Cette réussite sans précédent pour la santé publique, on la doit au travail acharné des membres du Rotary, partout dans le monde.

Mais 99 % n’est pas suffisant. Tant que des souches de poliovirus subsisteront, où que ce soit sur la planète, des enfants vulnérables seront touchés. Si nos efforts s’avèrent insuffisants, il faudra nous attendre à une résurgence de grande envergure de la poliomyélite. En l’espace de dix ans, la maladie pourrait de nouveau paralyser 200 000 enfants par an. Cette catastrophe humanitaire doit à tout prix être évitée.

La communauté sanitaire mondiale a d’ores et déjà reconnu cet état de fait. L’Assemblée mondiale de la Santé, qui réunit les ministères de la santé de toute la planète, a déclaré en mai dernier que l’achèvement de l’éradication du poliovirus constituait une « urgence programmatique pour la santé publique mondiale ». Il s’ensuit que tous les pays encore infectés ont fait de la transmission du poliovirus une « urgence nationale de santé publique » et mis en place des plans d’action suivis au plus haut niveau. Il s’ensuit également que nous, les organismes partenaires de l’IMEP, fonctionnons désormais en mode d’urgence. Nous mettons en commun nos ressources, en coordonnons l’emploi, et intervenons depuis des postes de commande habituellement réservés aux situations d’urgence telles que la pandémie de grippe H1N1 ou le tsunami survenu en 2004 en Asie du Sud-Est. Nous disposons de nouvelles approches, y compris de nouveaux vaccins, qui sauront frapper la poliomyélite en plein cœur. Hélas, les ressources nécessaires font défaut. Nous enregistrons aujourd’hui un dangereux déficit de financement de US $700 millions pour les 12 prochains mois et les engagements fermes n’en couvrent que la moitié. Sans ces fonds, il est tout simplement impossible d’atteindre nos objectifs.

Chers membres du Rotary, vous avez montré la voie. Grâce à vous, le monde est désormais presque libéré de la poliomyélite. Vous avez apporté une contribution de plus de US $1 milliard, et exhorté les gouvernements du monde entier à apporter leur concours aux activités d’éradication. Les Rotariens français ont à cet égard été particulièrement actifs, levant collectivement plus de US $11,5 millions. Par l’intermédiaire de votre réseau mondial de 1,2 million de bénévoles, de surcroît, vous avez aidé à vacciner plus de 2,5 milliards d’enfants à l’échelle planétaire. Le monde vous doit une immense gratitude. Le Wall Street Journal affirme que vos efforts dans ce domaine devraient vous valoir le Prix Nobel de la paix. M. Bill Gates, co-président de la Fondation Bill et Melinda Gates, voit dans le Rotary le « cœur et l’âme » des efforts d’éradication de la poliomyélite.

Néanmoins, le message que je vous adresse ici au nom de l’ensemble de l’IMEP n’est pas destiné à vous remercier, même si vous l’auriez grandement mérité. Permettez-moi plutôt de formuler une dernière demande : celle de redoubler encore vos efforts. Aidez-nous à franchir la ligne d’arrivée – cela sera impossible sans vous. Continuez de donner l’impulsion au sein de vos communautés. Diffusez le message. Et, plus important encore sans doute : pressez vos gouvernements de prendre l’initiative dans les grandes enceintes politiques, notamment par l’intermédiaire du G8, du G20 et de l’Union européenne. Il faut que tous les pays participent pleinement et respectent leurs engagements, afin que les fonds nécessaires pour finir le travail, dont l’absence se fait cruellement sentir aujourd’hui, soient mobilisés de toute urgence.

Avec votre aide, le rêve d’un monde sans poliomyélite deviendra bientôt réalité. Grâce à votre leadership, nous pouvons faire en sorte qu’aucun enfant ne connaisse de nouveau les terribles souffrances associées à la paralysie à vie. Ce sera là votre don aux générations futures. Et l’incarnation même de la devise de Rotary : « Servir d’abord ».