LA CULTURE DU ROTARY

Blog de Serge GOUTEYRON

LA CULTURE DU ROTARY - Blog de Serge GOUTEYRON

La Famille du Rotary

Par Mark Daniel Maloney
Administrateur 1999-2001 du Rotary International

De nombreuses raisons m’ont amené à rester membre du club de Decatur aux États-Unis, même après 32 ans passés au Rotary. Je suis fier d’appartenir à un réseau mondial qui a un tel impact humanitaire aux quatre coins du globe. Le plus important cependant – la raison la plus personnelle – est mon appartenance à la famille du Rotary. 

Avec mon épouse Gay, nous avons deux filles, Phyllis et Margaret. À la naissance de l’ainée cela faisait déjà plus d’un an et demi que j’étais Rotarien. Le Rotary a donc toujours fait partie de leurs vies et elles ont assisté à d’innombrables conférences de district, Institutes et réunions de notre club. En fait, Margaret a même participé à douze conventions et Phyllis à onze.

Mais pour nos filles, le Rotary ne se limite pas aux réunions et aux conférences. Pour elles, il s’agit d’un réseau d’amis et de mentors, chez nous et à travers le monde. Lorsqu’elles étaient plus jeunes, elles étaient presque les mascottes des manifestations de mon district. Le directeur exécutif du Rotary club de Birmingham a entraîné Margaret avant ses concours régionaux d’orthographe. Elles ont toutes deux découvert les villes de convention comme Buenos Aires et Barcelone en compagnie d’autres « enfants rotariens ».

Margaret and Phyllis Maloney

À l’âge de six ans, Phyllis défilait avec les Rotariens nigérians à l’Assemblée internationale et un ancien gouverneur de ce pays est ensuite venu assister à la fête de son école. Phyllis et Margaret nous ont aidés à célébrer notre anniversaire de mariage à l’occasion d’une conférence de district en Turquie. Phyllis a fait un discours lors d’une conférence de district en Inde. Margaret a participé à un RYLA à Taïwan. Phyllis a vécu pendant trois semaines chez un Rotarien brésilien, passé Noël chez un Rotarien allemand et rendu visite à des Rotariens indiens. Lorsqu’elles ont été toutes deux admises à Harvard, le Doyen des admissions a mis leur ouverture d’esprit sur le compte de leurs expériences rotariennes.

Enfin, l’un des meilleurs témoignages de l’importance de la famille du Rotary dans nos vies est peut-être la présence d’une douzaine d’anciens gouverneurs d’une dizaine de pays au mariage de Phyllis. Ils ont vu nos filles grandir et n’auraient manqué cette occasion pour rien au monde.

Même avant que le terme de « famille du Rotary » ne soit consacré par l’ancien président Jonathan Majiyagbe, nous savions que nos relations avec les Rotariens du monde entier revêtaient un caractère spécial. Le Rotary fait partie de nos vies.

 

Le Rotary International au comité de liaison ONG-UNESCO

Par Cyril NOIRTIN
Représentant du Rotary International auprès de l’UNESCO, de l’OCDE et de l’OIF

Lors de la dernière Conférence Internationale des ONG qui s’est tenue au siège de l’UNESCO à Paris en décembre 2012, le Rotary International a été élu au Comité de Liaison ONG-UNESCO pour un mandat de deux ans. Cette élection permet de renforcer les relations bilatérales entre le Rotary et l’UNESCO en favorisant une coopération privilégiée et plus soutenue.

Le partenariat officiel entre l’UNESCO et les ONG se réalise par différents mécanismes dont la Conférence internationale des ONG qui se réunit tous les deux ans et le Comité de liaison ONG-UNESCO élu par Conférence international pour représenter les intérêts de l’ensemble des ONG partenaires officiels vis-à-vis de l’UNESCO.

Conférence internationale des ONG, décembre 2012, Siège de l’UNESCO

Sous l’impulsion de son président, Patrick GALLAUD (représentant l’ONG Association francophone d’amitié et de liaison), les membres du comité de liaison ont adopté un plan stratégique dont les objectifs visent à :

  • Mettre en place une culture du partenariat entre la Communauté des ONG et l’UNESCO, notamment en matière de coopération intellectuelle dans tous les champs de compétence de l’Organisation.
  • Prendre en compte la diversité culturelle de la société civile dans les actions collectives conduites par les partenaires non gouvernementaux de l’UNESCO, en associant, de plus en plus, des ONG implantées dans diverses parties du monde.
  • Promouvoir une information continue du réseau non gouvernemental à travers les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.
  • Renforcer la crédibilité et la visibilité de l’action collective des ONG, en particulier auprès des États membres.

Réunion du comité de liaison au siège de l’UNESCO

Pour atteindre ces objectifs, un plan d’action ambitieux a été mis en place visant à :

  • Organiser 4 grands forums internationaux dont le 1er aura lieu le 23 septembre 2013 au siège de l’UNESCO à Paris et qui aura pour thème : « Quels objectifs en matière d’éducation pour les citoyens du monde de demain : La qualité suffit-elle? » ;
  • Organiser des évènements à l’occasion de certaines journées internationales célébrées par l’UNESCO (eau, droits de l’homme, pauvreté, éducation, paix, etc.);
  • Faciliter la contribution des ONG dans les débats du Conseil exécutif et de la conférence générale et plus largement aux programmes de l’UNESCO, à travers des actions de formation ;
  • Renforcer la politique « d’information continue » du Comité, en rénovant le site web, en révisant son positionnement auprès de celui de l’UNESCO, et en ouvrant une page facebook. Ce site, mis en ligne en juillet 2013, est disponible à l’adresse suivant : http://www.ong-unesco.org.

Comme avec l’ONU et d’autres organisations inter-gouvernementales, le partenariat entre le Rotary et l’UNESCO se renforce et devient stratégique.

Avec notre présence au comité de liaison, le rôle que le Rotary est appelé à jouer dans les activités de l’UNESCO connaît un développement extrêmement intéressant. Elle permet de faire progresser notre collaboration de manière graduelle et de bénéficier encore plus qu’avant d’une relation forte.

Cela est essentiel pour que le Rotary International conserve la place qui lui revient et continue à faire valoir, aussi à l’UNESCO, les principes rotariens au service de la paix, de la compréhension et du respect entre les peuples et les nations, conformément à notre vision partagée de la culture de la paix.

Centres du Rotary pour la Paix – Vision, concept et progrès

Par Rajendra K. Saboo
Ancien président du Rotary International (1991/1992)

Je me rappelle entendre mon petit-fils, alors âgé de quatre ans, dire à sa sœur : « Faisons la paix et jouons ». Pour les enfants, la paix est si facile, sincère et pure.

Toutefois, lorsque les grands de ce monde nous parlent de la paix, ils évoquent sa complexité. Selon eux, la paix est un objectif difficile à atteindre. Chacun a ses propres motivations. Comment alors pouvons-nous expliquer cette différence ?

À l’image d’un enfant, la paix se développe avec une personnalité à facettes multiples qui présente un visage différent selon l’angle sous lequel on l’étudie. Un coup d’œil, un mot ou une phrase ne sont pas suffisants pour l’appréhender.

Il n’est alors pas surprenant que le symbole de la paix soit la colombe, un oiseau insaisissable. Si vous essayez de l’attraper, elle s’envole rapidement vers les cieux. Mais si vous placez des graines dans le creux de votre main, la colombe viendra de son propre chef. La paix peut également venir à vous… si vous tenez les graines qui lui permettront de se nourrir et de se développer. Selon moi, la paix n’est pas instinctive pour l’homme. De la préhistoire aux temps présents, la nature humaine a été égoïste ce qui s’est manifesté dans le désir de dominer les autres, d’être supérieur et d’engranger des possessions. Les compétitions peuvent démarrer dans un bon esprit, mais elles le restent rarement. L’économie de marché nous enseigne « la loi du plus fort ». Cet instinct animal est présent chez tous les êtres humains.

Toutefois, les êtres humains possèdent une caractéristique qui les distingue des animaux – la capacité de raisonner, la capacité d’acquérir la connaissance. Être conscient de la paix mène au développement, au bonheur et au progrès, et peut ainsi représenter un espoir pour l’humanité. Mais cette prise de conscience doit être le résultat d’une démarche délibérée. C’est ce à quoi je me référais lorsque je parlais de la colombe et de la possibilité de l’attirer en lui offrant des graines.

J’ai par conséquent senti que l’objectif de paix et d’entente entre les peuple du Rotary nécessitait une démarche réfléchie et délibérée visant à former au plus haut niveau des individus qui ont le potentiel de devenir des moteurs de la paix.

Past RI Presidents Rajendra K. Saboo and Kalyan Banerjee, and RI President Sakuji Tanaka during the special convocation ceremony at the IIS University in Jaipur, India, 25 March.

Ainsi, lorsque nous avons fêté le 50e anniversaire de la disparition de notre fondateur, Paul Harris, une idée a germé : la création de Centres du Rotary dans plusieurs universités et de programmes d’études des relations internationales dans un objectif de paix. Il se trouve que j’étais à l’époque le président du conseil d’administration de la Fondation Rotary. Cette idée a provoqué l’enthousiasme des administrateurs.

Toutefois, concrétiser un tel concept requérait beaucoup de travail pour en déterminer la faisabilité et élaborer une feuille de route, sans parler de planification. La décision a été prise d’aller de l’avant en commençant par une déclaration d’intention qui résume l’objet et les objectifs des Centres du Rotary :

« Les Centres du Rotary pour études internationales sur la paix et la résolution des conflits offrent à des individus engagés envers la paix et la coopération la possibilité de poursuivre des études de Master ou débouchant sur un certificat en études internationales, sciences de la paix et résolution des conflits dans une des universités où le Rotary a établi un tel programme. Grâce au partenariat conclu entre la Fondation Rotary et ces universités, des Bourses de la paix du Rotary sont octroyées tous les ans sur base concurrentielle pour étudier dans ces Centres.

Le candidat idéal aura de l’expérience, sera en milieu de carrière et démontrera un potentiel pour le leadership. Il pourra être issu de différentes professions telles que l’administration, le journalisme, les affaires, le droit, la diplomatie, etc. Outre former de futurs leaders au niveau local et international, les Centres du Rotary ont également pour mission de faire avancer la recherche, l’enseignement, la publication d’ouvrages et les connaissances dans le domaine de la paix, des conflits et de leur résolution, et de l’entente entre les peuples. »

11th Annual Rotary Center Seminar – International Christian University (ICU)

Nous avons commencé par ouvrir des Centres en partenariat avec les universités de Duke et de Caroline du Nord (États-Unis), l’Université chrétienne internationale au Japon, Sciences Po à Paris, l’Universidad del Salvador en Argentine, l’Université de Bradford en Angleterre, l’Université de Berkeley aux États-Unis et l’Université du Queensland en Australie. Pour diverses raisons, nous avons dû fermer les portes des Centres de Sciences Po, de l’Universidad Del Salvador et de Berkeley. Nous avons en parallèle ouvert un nouveau Centre à l’Université d’Uppsala en Suède. Le succès de ces programmes de deux ans nous a incités à étudier la possibilité de proposer un programme plus court destiné à des professionnels ne pouvant pas s’absenter pour une durée aussi longue. C’est ainsi qu’est né le programme de l’Université de Chulalongkorn à Bangkok.

Visites des étudiants des centres du Rotary au CETC (Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens)

Naturellement, ces Centres coûtent cher et au moment de lancer le programme, des réserves avaient été émises quant à leur bien-fondé. Plutôt que de consacrer d’importantes sommes à un objectif lointain, ne serait-il pas plus judicieux d’allouer les ressources précieuses de la Fondation à des besoins immédiats en luttant contre la faim et la pauvreté, et en favorisant la santé et le développement humain ?

Avec une cinquantaine de boursiers participant aux programmes de master qui peut durer jusqu’à deux ans et une autre cinquantaine participant au programme court, le budget annuel peut facilement atteindre 4,65 millions de dollars. Cela représente un montant non négligeable, mais nous avons la chance de compter parmi nous des Rotariens généreux qui croient en ce programme. Aujourd’hui, les administrateurs de la Fondation ont pour objectif de le doter d’un capital de 125 millions de dollars d’ici 2015 afin de garantir sa pérennité.

Il est réconfortant de savoir que nous comptons aujourd’hui environ 762 diplômés des Centres du Rotary. Deux-tiers ont suivi le programme de Master tandis que le tiers restant a reçu le certificat. Certains d’entre eux ont très bien réussi et sont parvenus à des postes où ils peuvent avoir une influence sur le processus de paix. La plupart des diplômés du programme de Master ont entre 30 et 50 ans. Parmi les plus exemplaires, j’aimerais citer :

Cameron Chisholm (Université de Bradford, promotion 2008) est le président du International Peace & Security Institute (IPSI), une organisation destinée à autonomiser la prochaine génération d’artisans de la paix. Fondée sur l’idée que l’éducation peut atténuer la violence, IPSI facilite le transfert de connaissances et de compétences des dirigeants politiques, experts et praticiens vers un public le plus large possible. Cameron Chisholm est également professeur auxiliaire à George Washington University où il enseigne les « Théorie et pratique de la construction de la paix ».

Katia de Mello Dantas (Universités de Duke et de Caroline du Nord, promotion 2009) est directrice des politiques pour l’Amérique latine et la Caraïbes du Centres international pour les enfants disparus et exploités situé à Brasilia. Elle a été élue l’une des 99 professionnels de moins de 33 ans ayant le plus d’influence dans le monde par l’organisation Young Professionals in Foreign Policy.

Abdikheir Ahmed (Université du Queensland, promotion 2012) est le directeur exécutif de l’Immigrant and Refugee Community Organization of Manitoba (IRCOM), une organisation qui fournit des logements de transition et des services sociaux aux réfugiés nouvellement arrivés au Canada. Il travaillait déjà pour cette organisation lorsqu’il a obtenu sa bourse et son diplôme lui a permis de gravir des échelons à son retour.

Paivi Nikander (Université de Chulalongkorn, session de juin 2012) est adjointe du chef de mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe basée au Kosovo. Elle a obtenu cette promotion après avoir suivi le programme de Chulalongkorn.

Il faut espérer que d’autres leur emboîteront le pas. Ma vision pour ce programme était de former les généraux d’une armée de paix. Ils peuvent être issus de toute profession, mais dès qu’ils occuperont des postes de décideurs ils devront pouvoir influencer les efforts de construction de la paix dans leur communauté et si possible dans leur pays ou région ou même dans le monde. Bien entendu, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que tous les diplômés deviennent des généraux. Beaucoup ne seront que des soldats, mais nous avons également besoin d’eux. Et si uniquement 10 % d’entre eux parviennent au sommet de la hiérarchie et influencent des politiques, cela sera déjà satisfaisant. À terme, je vois de nombreux diplômés des Centres devenir ministres, hauts fonctionnaires, premiers ministres ou présidents. Grâce aux connaissances qu’ils auront acquises, ils auront conscience de la valeur de la paix et posséderont les méthodes pour résoudre les conflits.

Archbishop Emeritus Desmond Tutu gives Arnoldas Pranckevicius, a 2002-04 Rotary World Peace Fellow, a pat on the back during a Rotary World Peace Symposium press conference. Photo by Monika Lozinska-Lee/Rotary Images

Selon moi, ce programme est la clé pour l’avenir du monde et celui du Rotary qui administre ce programme. Ces Centres donneront une nouvelle dimension au Rotary dont les bourses deviendront aussi connues que les bourses Rhodes ou Fulbright, si ce n’est pas plus. On peut remettre en question les montants consacrés à ce programme – cela en vaut-il la peine ? Je pense que oui. Quand un enfant naît, ses parents trouvent l’argent nécessaire pour répondre à ses besoins immédiats, mais ils commencent également à mettre de l’argent de côté pour s’assurer qu’il fasse des études et soit ainsi équipé pour affronter la vie et mener une existence heureuse et gratifiante.

Mon plus grand souhait est qu’un plus grand nombre de Rotary clubs s’intéressent à ce programme afin que le vivier de candidats s’élargisse. J’espère également que l’objet de ce programme ne se trouve jamais dilué ou détourné. Des changements devront sans doute être apportés à ce programme pour qu’il reste en phase avec le monde, mais j’espère que les Rotariens qui seront en charge ne perdront pas de vue le concept originel.