LA CULTURE DU ROTARY

Blog de Serge GOUTEYRON

LA CULTURE DU ROTARY - Blog de Serge GOUTEYRON

Le Moyen Orient face au défi de la paix

Par Najib Zakka
Professeur des Universités
Ancien gouverneur du Rotary

 

  • Le Moyen-Orient, zone de conflit depuis l’antiquité
  • Le dialogue est-il possible ? construire la paix, une utopie

Introduction

Le Moyen-Orient est l’un des lieux qui a donné à l’humanité une densité de pensée, une beauté de l’imaginaire et une profondeur du sentiment. .De ses rives méditerranéennes, de la Mésopotamie à la terre des pharaons, de la Phénicie à l’Asie Mineure, l’homme a découvert l’attachement à la terre, le sens du départ, les sources de la philosophie et de la spiritualité, en quête de la maturité de la pensée.

Mais le Moyen-Orient est aussi une zone géographique qui a aimé autant qu’elle a haï, qui a fait la guerre autant qu’elle a aspiré à  la paix, qui a glorifié l’homme autant qu’elle a opprimé. Le Moyen Orient, terre qui a accompagné la maturité de l’histoire, vit à l’heure actuelle les interrogations les plus problématiques de son existence.

Les paradoxes sont nombreux : spiritualité et religiosité, tolérance et violence, savoir et ignorance, richesse et pauvreté, espérance et  désespoir. Les visages des réfugiés du Moyen-Orient et de ces femmes vendues dans les marchés des villes irakiennes et syriennes sont  figés dans nos yeux et nos mémoires. Les larmes de tous les affligés se versent dans nos cœurs comme une indignation qui blesse l’humanité toute entière.

En notre qualité de rotarien et comme vous tous convaincus de pouvoir contribuer à la construction d’un monde meilleur par l’unité de l’action, nous devons placer cette exigence de la paix comme une valeur suprême ; oui dans le monde d’aujourd’hui, construire la paix est possible mais surtout construire la paix doit être notre urgence à tous.

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PREMIERE PARTIE : Le Moyen-Orient, zone de conflit de l’antiquité à nos jours

Depuis la fin de la première guerre mondiale jusqu’à la création de l’Etat islamique  d’Irak et de Syrie, depuis les accords Sykes –Picot en 1916  qui ont permis le partage entre les Britanniques et les Français de la terre d’0rient, jusqu’à la création de la coalition de 40 pays en septembre 2014 pour combattre l’état islamique, cette région vit un siècle d’ombre et de fourberie internationale.

Au nord d’une ligne qui va de la Méditerranée à la frontière perse, sans le moindre ménagement pour les populations locales qui n’ont pas eu à donner leur avis, la carte du Moyen Orient s’est dessinée, une même terre a été partagée, offerte à de nombreuses convoitises et aucun oriental ne l’a oublié.

Alors que la population de cette région aspire à une vie politique et sociale digne de ce nom, depuis un siècle cette partie du monde vit au rythme de deux réalités : une convoitise externe et une déchirure  interne.

Le début du conflit israélo-palestinien, la guerre de Suez, la guerre des Six jours, la Révolution iranienne, les deux guerres du Golfe,  le désarroi actuel ….un cycle infernal qui se répète depuis soixante-dix ans …Qui sont les stratèges de tant de conflits ? De quelles natures sont les enjeux ? Combien d’années faudra-t-il encore attendre pour panser les plaies ?

DEUXIEME PARTIE : Le dialogue est-il possible ? Construire la paix, une  utopie ?

Le monde s’interroge et nous rotariens nous nous interrogeons sur le bien-  fondé d’un optimisme au moment où gémissent encore des millions d’individus sous les cendres de la misère, de la pauvreté, de  l’injustice, de la violence et de l’ignorance. Ce constat ne doit pas  nous empêcher, nous rotariens, croyant à une philosophie optimiste  d’une vie en marche  et en coordination avec toutes les bonnes volontés qui s’expriment à travers le monde, de retrouver l’idée d’un progrès de l’humanité, de réentendre l’univers pour rendre le rêve à l’homme et rendre un territoire à son rêve.

Les individus, les ONG et les Institutions culturelles et humanitaires  ne peuvent pas à elles  seules trouver des solutions aux problèmes que nous venons d’évoquer ; il y a urgence à ce que les pouvoirs politiques et religieux puissent s’investir davantage pour consolider les valeurs de dialogue et de paix.

Les trois religions monothéistes du Moyen-Orient ne peuvent vivre une vraie harmonie qu’à travers une réelle sécurisation. Oui les religions du monde se parlent mais timidement et encore trop peu  au sujet de la paix.

Nous pouvons ajouter à ces points deux autres facteurs qui ont engendré une situation plus complexe au Moyen-Orient : l’impact de la politique occidentale sur l’Islam et les musulmans et la crise qui secoue l’Islam de l’intérieur. Pour beaucoup d’observateurs et de chercheurs, ce sont les relations arbitraires avec l’Islam et l’arabité qui ont causé en grande partie la situation actuelle. Les conséquences de cette situation sont doubles : une déchirure musulmane interne et une relation hostile avec l’extérieur.

Il est urgent qu’à travers la légitimité internationale  le problème israélo-palestinien soit résolu ; que toute forme d’intégrisme religieux soit stoppée et punie ; que le Moyen-Orient ne soit pas conçu uniquement comme une source d’énergie ; il est également une source de vie et de valeurs.

Le Moyen-Orient doit rester une terre de dialogue des civilisations, une terre de la spiritualité et de l’élévation de l’esprit. Il est temps que l’homme du Moyen-Orient puisse exister hors de tout contexte religieux.

Non à un christianisme indifférent

Non à un Islam qui perd sa sérénité

Non à un judaïsme qui s’enferme sur lui-même

Oui à un Moyen-Orient réconcilié avec lui-même ; un Moyen Orient, terre de la diversité culturelle et ethnique et non pas foyer de conflits confessionnels.

Permettez-moi de terminer cette intervention par une citation de l’écrivain libanais Amin Rihani qui, au début du XXème, siècle mettait déjà  l’accent sur le cosmopolitisme de l’homme moderne :

«  La  quintessence de ce qui est sain et valable dans les deux cultures, l’orientale et l’occidentale, quand elles sont mêlées et unies, constituera le seul  remède aux  maux d’ordre religieux social et politique de cette époque. A ce moment-là, l’Occidental retournera à Dieu et l’Oriental se verra quelque peu déchargé par Dieu ».